Cardiotocographie : qu’est-ce que c’est et comment évaluer l’état du fœtus pendant la grossesse

CTG pendant la grossesse Grossesse

Le diagnostic de l’état intra-utérin du fœtus a toujours été et reste l’une des tâches principales des obstétriciens-gynécologues et des spécialistes en médecine reproductive. La qualité et la rapidité de l’évaluation déterminent la stratégie de gestion de la grossesse, l’issue de l’accouchement et la santé du futur enfant. L’objectif principal des médecins est toujours le même : la naissance d’un bébé vivant et en bonne santé. Historiquement, le premier instrument utilisé était un stéthoscope en bois qui permettait d’entendre les battements cardiaques du bébé à partir de la 20e semaine environ. Au fil du temps, les méthodes sont devenues plus sophistiquées et des appareils modernes ont fait leur apparition, permettant un diagnostic plus objectif et plus détaillé.

Développement des méthodes d’observation du fœtus

Au fil des décennies, la médecine a découvert de nouvelles possibilités pour comprendre les processus intra-utérins. L’une des avancées révolutionnaires a été l’introduction de la cardiotocographie (CTG). Elle a permis non seulement d’enregistrer les battements cardiaques, mais aussi d’analyser leur rythme, de comparer les indicateurs avec l’activité utérine et les mouvements du bébé. Cela a permis de détecter l’hypoxie, les complications de la grossesse et les troubles cachés qui, autrement, auraient pu passer inaperçus.

L’essence de la méthode de cardiotocographie

La cardiotocographie est l’enregistrement électronique du rythme cardiaque du fœtus, des contractions utérines et de l’activité motrice du bébé. La procédure est absolument sans danger, peut être répétée plusieurs fois et fournit au médecin des informations importantes sur la quantité d’oxygène et de nutriments que le fœtus reçoit par le placenta.

Pendant la grossesse, les poumons du bébé ne fonctionnent pas encore, la respiration n’est que partiellement imitée. La principale source d’oxygène est le placenta. Tout dysfonctionnement de celui-ci entraîne une hypoxie. À un stade précoce, cela peut entraîner un retard de développement et des pathologies congénitales, et à un stade plus avancé, provoquer un retard de croissance, des lésions du système nerveux et affaiblir la capacité du nouveau-né à s’adapter après la naissance.

Quand prescrire un CTG

La cardiotocographie est recommandée à la plupart des femmes enceintes à partir de 30-32 semaines, lorsque le système nerveux du fœtus atteint sa maturité. En cas de grossesse compliquée, le gynécologue peut prescrire cet examen dès 24-28 semaines. Les raisons d’un examen plus précoce sont les plaintes de la femme concernant une diminution des mouvements, des maladies chroniques, ainsi que les résultats d’une échographie ou d’une dopplerographie indiquant des risques potentiels.

Comment se déroule la procédure

L’examen est réalisé dans un environnement calme. La femme est en position semi-assise, sur le côté ou allongée sur le dos. Des capteurs sont fixés sur le ventre : l’un capte les battements cardiaques du fœtus, l’autre enregistre les contractions utérines. Si nécessaire, un capteur supplémentaire est utilisé pour enregistrer les mouvements du bébé, qui est activé par la future maman elle-même. Toutes les données sont affichées sur une bande de papier ou sous forme électronique.

Préparation à l’examen

Aucune préparation particulière n’est nécessaire, mais il y a quelques nuances. Il est conseillé de prendre une collation légère 1 à 1,5 heure avant la procédure, car cela augmente l’activité motrice du bébé. Avant l’examen, il est préférable de se reposer, de vider sa vessie, d’éviter tout effort physique et tout stress afin que les résultats ne soient pas faussés.

Réalisation en milieu clinique

Le médecin détermine l’endroit où les sons cardiaques sont les plus audibles et place le capteur. Un deuxième capteur est placé dans la région du fond de l’utérus. La femme reçoit un bouton pour enregistrer les mouvements. Le professionnel de santé vérifie le bon fonctionnement de l’équipement, puis analyse les graphiques obtenus en les comparant aux résultats d’autres examens, notamment l’échographie et la dopplerographie.

Durée de l’examen

En général, la CTG dure entre 25 et 35 minutes. Mais si le bébé est peu actif ou si une analyse approfondie est nécessaire, la procédure peut être prolongée jusqu’à une heure. Pendant l’accouchement, la CTG est parfois effectuée en continu, ce qui aide les médecins à contrôler la réaction du fœtus aux contractions.

Indications pour la cardiotocographie

La cardiotocographie est particulièrement indiquée en cas de diminution ou de modification du caractère des mouvements du fœtus, en cas de suspicion de troubles circulatoires, de risque d’accouchement prématuré et de retard de croissance de l’enfant. Elle est prescrite en cas d’anémie de la femme enceinte, de conflit rhésus, de peu ou trop de liquide amniotique, d’hypertension, de gestose, de pathologies du placenta et du cordon ombilical, de diabète sucré, ainsi qu’en cas de suspicion d’infection intra-utérine ou de maladies auto-immunes systémiques. Pendant l’accouchement, le CTG est une méthode de contrôle obligatoire.

Interprétation des données obtenues

Le médecin évalue la fréquence cardiaque basale, qui est normalement comprise entre 110 et 160 battements par minute, ainsi que la variabilité du rythme, la présence d’accélérations et de décélérations. Dans la pratique, on utilise l’échelle de Fisher : 8 à 10 points indiquent un état normal, 5 à 7 points indiquent des écarts initiaux et 4 points ou moins indiquent un état critique.

Analyse informatique selon le système Daves-Redman

Les cliniques modernes utilisent de plus en plus souvent des méthodes d’analyse informatisées. Le système Daves-Redman élimine le facteur subjectif, réduit la durée de la procédure à 15 minutes et conserve toutes les données au format numérique. Une attention particulière est accordée à l’indicateur STV (variabilité à court terme). Plus de 5 ms est la norme, moins de 3 ms indique un état critique, et une plage de 3 à 5 ms nécessite un contrôle supplémentaire.

Méthodes supplémentaires d’évaluation de l’état du fœtus

Le CTG est souvent associé à d’autres procédures diagnostiques. L’échographie permet d’étudier l’anatomie, la taille, la position du fœtus, le placenta et la quantité de liquide amniotique. La dopplerométrie est utilisée pour évaluer le flux sanguin dans les vaisseaux du cordon ombilical, de l’utérus et du cerveau du fœtus. Le profil biophysique combine les données de la CTG et de l’échographie, y compris les mouvements respiratoires, l’activité motrice et le tonus. Le comptage des mouvements par la future maman fournit également des informations précieuses et aide à détecter les changements.

Valeur pratique de la méthode

La cardiotocographie occupe une place importante dans la pratique quotidienne des obstétriciens-gynécologues. Elle permet non seulement de contrôler le déroulement de la grossesse, mais aussi de prendre des décisions concernant l’accouchement. En cas de détection d’anomalies, le médecin peut accélérer l’accouchement ou pratiquer une césarienne, minimisant ainsi les risques pour la mère et l’enfant.

Bibliographie

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